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LE PRIX ANNIE ERNAUX 2004

CATEGORIE ADULTES

Article de presse - Echo Régional

 


1) Soixante-six textes
  2) La thématique
  2.1 L’environnement urbain, motif de perte des racines mais source d’imaginaire
  2.2 La terrifiante noirceur de la vie dans les cités de banlieue
  2.3 Les drames de l’incommunicabilité ; la ville inhumaine
  2.4 L’environnement urbain et la recherche de la nature
  2.5 La transformation de la ville et de son architecture ; la ville du futur
  2.6 La ville labyrinthe ou la ville prison
  2.7 La ville imposée par la vie
  2.8 La ville, lieu de rencontre
3) En dehors ou à la limite du thème
  3.1 Les transports
  3.2 La vieillesse et la maladie
  3.3 Le chat
  3.4 Les technologies du futur
  4.1 Les polars
  4.2 Les récits d’enfance
  4.3 Les récits à tendance psycho sociologique
  4.4 Les récits amoureux
  4.5 Les récits fantastiques

1) Soixante-six textes ont été soumis à la sagacité du jury des lecteurs, qui en a examiné la conformité par rapport au règlement, selon les quatre critères suivants :
-Le thème
-Le lieu de l’action
-La présence de la phrase d’Annie Ernaux
-Le respect du genre

Sur les soixante-six textes en compétition, dix-huit (27%) ont été considérés par la majorité des jurés comme non conformes pour non respect du thème et/ou du genre, vingt-neuf supplémentaires ayant été rejetés par au moins un membre du jury.
Le titre, l’originalité et la force de la chute, la qualité de l’intrigue et le style ont servi à affiner le jugement porté sur les différentes œuvres proposées.
La notation des jurés s’échelonne de un à vingt. Trois textes obtiennent la note maximale d’au moins un juré et trente d’entre eux (45%) se voient attribuer dix sur vingt en notation moyenne. La note moyenne maximale est de 14,7.
Après délibération, dans une atmosphère souvent marquée par des débats acharnés, dix-sept candidats ont été sélectionnés pour le jury final…

 

2) La thématique :
Quelques idées force servent de lignes directrices à la majorité des nouvelles en compétition :

 

 

2.1 L’environnement urbain, motif de perte des racines mais source d’imaginaire : Dans « Le vieux sorcier » (n°1), l’auteur évoque l’histoire d’un jeune beur qui fait d’un chêne plusieurs fois centenaire son confident. Il le surnomme le vieux sorcier et imagine ce que sa mémoire a retenu … et bien plus encore. « Les tours de la cité dominaient la périphérie de la ville. Une seconde ville posée à côté de la véritable. Une banlieue proche de rien mais loin de tout. Un lieu sans passé et surtout sans avenir mais pas sans mémoire. Car la mémoire ici est vivace et les souvenirs tenaces ».
Dans « Le mur » (n°4), le héros va entreprendre de métamorphoser un vaste mur blanc préservé de la moindre herbe folle en support de plantations de fleurs anciennes. L’obstacle infranchissable devient ainsi clôture de protection à l’intérieur de laquelle il va s’enfermer pour fuir sa vie morose et sans idéal.
Dans « Le Roi Descaves » (n°24), le jeune Jason décide de se réfugier dans une cave où il s’est bricolé un logis pour devenir le souverain de son domaine et fuir la réalité. Ce cadre idéalisé doit lui permettre de trouver l’amour... Il y trouvera bien plus encore.
Dans « Dérives urbaines » (n°39), un homme, brisé par la vie et devenu clochard, erre à la recherche de son passé, « suivant la trace de ses semelles éventées ». Devant une école, i l croit reconnaître son fils …
Récit original dans « La belle échappée » (n°41), par lequel le narrateur imagine la ville idéale qui lui échappe peu à peu en glissant des pages du livre.
Dans « Noir et blanc » (n°52), l’héroïne et son amie Dana parcourent une ville inconnue, tassée le long de son fleuve. Elles tentent d’en définir les contours par les odeurs et les couleurs ...

 

2.2 La terrifiante noirceur de la vie dans les cités de banlieue :
Dans « Banlieue postale » (n°21), une postière vit « une étrange vie de couple avec Monsieur le Receveur, claquemurée dans son cagibi », dans un bureau de la « banlieue rouge », sorte de no man’s land insipide jusqu’à sa rencontre avec « l’homme au blouson blanc », qui « porte l’hiver avec lui accroché à son pull-over ». C’est le titulaire de la boîte 25 qui ne reçoit jamais rien… « Ici, dans cette allée borgne, je suis en sursis. Le bureau de poste est là comme une épave. A attendre sa disparition. C’est un assemblage atroce de brique et de béton. Un truc ignoble. Quand le champ des immeubles aura fini de surgir, on l’abattra et il n’y aura personne pour le regretter, même pas moi ».
Dans « La tristesse manque de confort » (n°50), l’auteur fait le récit des démêlés d’une chômeuse qui « en passant, plaisante le goudron » et vis « dans nulle part à m’inquiéter », résumant son texte à « un dialogue de pauvre qui appartient à ceux qui n’ont rien dans la ville ».
Dans « La vie banlieusarde et pitoyable de Polo le Prolo » (n°6), tous les clichés sur la noirceur de vie du prolétariat moderne des cités se retrouvent en un long récit qui débouche sur une attachante note d’optimisme.
« Un usager peut en cacher un autre » (n°48) décrit, en un mélange de prose et de poésie, le milieu urbain dans tout ce qu’il peut avoir de plus stressant : « Des valises sous les yeux pour les premiers [les travailleurs], plein les mains pour les autres [ceux qui partent en week-end], le tout se voulant inexorablement interprété d’un pas cadencé ».
« Il était une fois…une rue » (n° 63) nous entraîne dans le monde des ados en nous contant une fugue urbaine qui finit bien. Le style est étonnant, voire détonant ! : « Les enseignes irrésistibles d’un Quick et d’un Mac Do qui rameutent de leurs logos lumineux les affamés de notre crade génération », « Les réverbères filiformes ne diffusent aucune lueur rassurante sur le tracé de l’avenue ombrageuse qui s’allonge à l’infini devant moi », « Les disjonctés du présent», « des mômes dont j’ai encore pas pu vérifier la couleur du jour ».

 

2.3 Les drames de l’incommunicabilité ; la ville inhumaine :
Dans « Le passage » (n°8), le récit décrit un contact inédit entre deux mondes qui se côtoient habituellement sans se rencontrer : une vieille femme, abandonnée par les siens, décide de partir en « expédition » vers la cité voisine qu’elle n’a jamais pénétrée mais il lui faudra franchir le grand boulevard et, au retour, c’est l’accident… Paralysée, elle n’oubliera cependant pas ses nouveaux amis, ceux qui l’ont « accueillie sur l’autre rive ».
Dans « La mère Cracra » (n°16), une nouvelle locataire emménage dans l’appartement de la mère Cracra qui vient de mourir. Elle découvre la triste histoire de cette vieille femme et de son conflit permanent avec la gardienne … qui avait pourtant connu, comme elle, les camps de la mort …
« Liberté ? » (n°57) raconte l’histoire d’une déchéance partagée entre un « vrai clochard triste », que la vie solitaire et ses aléas a mené à la rue, et son compagnon de misère « le Vieux », cet accidenté de la vie, dont le fils a été fauché par un chauffard et qu’il va rechercher dans la ville : « La cité est schizophrène. Elle montre à ses visiteurs son plus doux visage et dans le même temps attribue ses bas-fonds aux plus humbles d’entre nous ».
Dans « Le terminus de la ligne H » (n°62), sorte de parabole imagée sur la solidarité intergénérationnelle et contre la xénophobie, un vieillard qui se rend à l’hôpital est adopté par une mère africaine et sa famille. Après avoir consolé la petite Mélanie, perdue dans la cité, il deviendra le « tonton » des gamins qui, peu de temps auparavant, le chahutaient.
Avec « Rue du Docteur Barety » (n°66), l’auteur nous fait vivre le triste destin d’un SDF qui trimbale dans son baluchon le tableau peint par son dernier compagnon d’infortune, « le Docteur ». Agressé par des voyous, il se réveille auprès de la jeune fille peinte sur la toile. Est-ce enfin le paradis ?

 

2.4 L’environnement urbain et la recherche de la nature :
Dans « La fleur qui vous parlerait » (n°7), Céline dialogue joliment avec une orchidée et retrouve ses écrits de jeunesse, constatant avec tristesse que les mêmes mots reviennent et que son combat pour la nature reste toujours à mener…
Dans « Trois épis » (n°27), l’auteur écrit la saga d’un cadre qui va retrouver le bonheur en apportant son expérience de gestionnaire à ses hôtes, tenanciers d’un gîte rural. Dans « Nain de gazon, nain de béton » (n°9), le carré de gazon du nain de jardin va être bétonné … Il monologue sur l’évolution du monde, la nostalgie du temps passé avant de voir disparaître ses propriétaires et de disparaître lui-même, enlevé par les libérateurs de ces petits personnages familiers.
Dans « Moi si j’étais un homme » (n°40), la jolie fable de l’arbre centenaire qui se prend pour homme débouche sur un hymne en faveur de l’écologie.
Dans « Sonate à quatre mains » (n°56), le héros est un géant qui « a gardé un goût de terre dans la bouche ». Il fait corps avec la musique mais doit gagner Paris qui deviendra son second univers. Il y découvrira un homme très grand en bleu de travail, « un éventreur d’immeubles », « perdu au milieu d’autres vies occupées à des choses qui semblent bien plus importantes que la musique »… Petit à petit, les deux personnages se confondent au moment où le pianiste apprend que son logement doit disparaître … Le piano est détruit sous le béton mais la ville a-t-elle vraiment eu raison du musicien aux racines paysannes ?

 

2.5 La transformation de la ville et de son architecture ; la ville du futur :
Dans « Ville nouvelle » (n°64), les immeubles sont quasiment transformés en êtres vivants et un architecte un peu bizarre semble se trouver confronté à une terreur passée lorsqu’il doit rénover l’immeuble de brique brune qui devient vite l’objet central de toute l’intrigue … « A chaque fois, les immeubles semblaient plus ventrus, craquelés d’indigestion, bourrés d’êtres humains encore frétillants, parcourus de sombres rumeurs, penchés sur lui[l’architecte], le chassant toujours, à bout de souffle et l’œil brouillé, vers le bâtiment brique et le coquelicot… »
Dans « ô temps, suspends ton vol » (n°10), le narrateur, malgré ce titre aux accents lamartiniens, revient dans Paris pour une journée à l’original objectif : la chasse aux pigeons envahissants … Il y découvre que le béton a pris de plus en plus de place …
« Pourquoi pas là » (n°55) imagine une ville dont les habitants ont atteint la sagesse …
« Mon quartier » (n°65) décrit Paris en 2067, ville en ruines où les oubliés (les exclus) sont surveillés et vivent dans la crainte permanente de l’internement.

2.6 La ville labyrinthe ou la ville prison :
Dans « Urbania » (n°12), un jeune couple voyage dans la métropole infinie, myriade d’agglomérations étagées sur plusieurs niveaux : on y retrouve des airs de Pologne, de Japon ou de Chine et, petit à petit, le récit confine à l’angoisse, dans un monde totalement inconnu, transformé en labyrinthe où les héros vont subir un enfermement proche de l’oppression.
Dans « Le cimetière des éléphants » (n°19), l’auteur fait pénétrer progressivement son héros dans une ville fantôme, comme mise en quarantaine, où sont « parqués » les vieillards en « une effrayante galerie de portraits », eux, dont « des dizaines de regards semblent l’épier ».
Dans « La pieuvre » (n°29), un jeune provincial découvre une banlieue qui se bouleverse. Il prend conscience que tout est déterminé par « la firme » qui impose vite à chacun un profil « aux oreilles longues et pointues » .Il réussira cependant à fuir vers son Aveyron natal … mais « en éclaireur ».
« Le labyrinthe blanc » (n°34) nous conduit dans une ville reconstituée au sein d’une maison de retraite car, écrit l’auteur, « c’est dans nos rêves que se trouvent les plus belles rues de notre vie ».
Le texte « Dans l’obscurité des murs » (n°46) conte l’étrange histoire d’une mère et de son fils, perdus dans un quartier où « les murs chuchotent, chuintent et se plaignent », transformant très vite le cadre en oppressant espace.
Avec « Fièvre obsidionale » (n°49), nous pénétrons sur les traces de Saïd et de Ferdinand dans leur quartier détruit où ils nous entraînent par touches successives : la partie de Monopoly, la guide japonaise, les sacoches de courrier non distribué, la cave du palace abandonné,etc.…A côté la vie continue .. Que s’est-il passé ?

2.7 La ville imposée par la vie :
Dans « Se perdre et se retrouver » (n°33), l’auteur décrit la conquête de la capitale par une étudiante provinciale. C’est le récit d’une « domestication » de ce monde déroutant et gigantesque par l’approche du quartier et de ses familiarités. L’héroïne pourra bientôt « sentir la ville battre dans ses poches ».
Dans « Cocody-sur-Oise » (n°13), l’exil d’une Française née en Afrique se teinte finalement d’espérance par la rencontre avec des immigrés sur un marché africain de sa nouvelle banlieue.
Dans « Planète béton » (n°15), un beau texte, sous forme de dialogue entre une mère et son fils, évoque le destin d’une famille algérienne chassée de sa terre et ballottée de foyer en cité, de bidonville en HLM. « Il y a des questions qu’il vaut mieux ne pas se poser, des vies qu’il vaut mieux ne pas avoir vécues, des livres qu’on aurait jamais dû lire. La seule chose à laquelle j’aspire depuis que je respire, c’est le vide… » Ce fils écrira-t-il un jour l’histoire de ce drame plutôt que de remplir un carnet de voyage portant pour noms d’escales les noms relevés sur les plaques de rues lors de ses sorties nocturnes à la recherche de son destin ?
Dans « La renaissance » (n°22), le héros part en province, « à la recherche des doux parfums de Toscane et des champs de lavande », dans une cité du Sud. Mais la ville reste la ville et y trouvera-t-il le moyen de révéler son destin derrière les vieux murs ensoleillés ?
Dans le même esprit, « Un bonheur éphémère » (n°30) nous conte l’arrivée dans une ville méditerranéenne de l’héroïne qui fuit sa banlieue grise. L’enchantement vire bientôt au désarroi et le soleil paraît vite source d’un bonheur bien artificiel.
Beaucoup d’humour dans « Un bain de jouvence » (n°25), quand deux aïeuls bretons sont obligés d’émigrer vers Argenteuil. En un récit bucolique et imagé, l’auteur applique à l’envers la maxime d’Alphonse Allais et transporte la campagne à la ville.
« Le quartier » (n°47) décrit une ville que l’on suppose africaine où la narratrice recherche son père, ce qui va l’entraîner loin de Lyon « où elle ne peut plus vivre en paix ».

2.8 La ville, lieu de rencontre :
Dans « Premier rendez-vous » (n°23), l’auteur raconte avec humour le rendez-vous de Monsieur Jean et d’Hortense dans une ville dont il nous fait pénétrer progressivement l’intimité et qui semble bien vide en cette soirée de remise des prix du concours de nouvelles … De quelle ville peut-il bien s’agir ?
Dans « Voyage retour » (n°59), Jacques fait la connaissance de Célestine dans un bistrot de quartier oublié de la périphérie de la ville. En la guidant vers la gare, puis en la suivant dans le train et en atteignant une maisonnette où quelques couples dansent, il remonte son passé pour découvrir qu’il rêvait en fait de sa mère, « petite blonde à l’angoisse contenue, au tailleur strict et aux gestes retenus des femmes du monde des années cinquante », et de son frère trop tôt disparus.
Dans « Lucile » (n°17), l’auteur déroule, sous forme de journal, la vie d’une jeune femme solitaire qui croise un jour le beau Manoel auquel elle succombera au son du fado.
« La quête de Simon » (n°36) évoque le coup de foudre dans le métro entre Simon et une jolie étudiante qui se révélera être sa voisine de palier.
La ville peut être à la fois lieu de rencontre et lieu de rupture comme dans « Nord » (n°31), où le héros évoque magnifiquement Hambourg, l’hiver, dans l’atmosphère de son désenchantement : « Je reste un long moment collé à la fenêtre. Je regarde la ville qui devient de plus en plus blanche sous l’effet de la neige qui s’affale en furie et de plus en plus désespérante sous l’effet de ma sensibilité qui étouffe et se noie sous ce linceul de poudre glacée ». Il va quitter Karen et ses souvenirs pour rejoindre le Paris de sa jeunesse : « Dans cette gare garce, Karen m’embrasse pour la dernière fois en faisant imperceptiblement passer une larme de sa joue à ma joue, glisse et passe, pâle limace de glace… ». Mais la capitale qu’il imagine existe-t-elle encore?
Dans « Chemin des liesses » (n°61), le narrateur aborde par hasard une ville qu’il ne connaît pas en descendant du train par erreur. Il parcourt cette cité triste jusqu’au moment où il croise le regard d’une femme derrière sa fenêtre. Leur chemins vont se rejoindre un instant avant que le vent qui « règne en maître n’emporte les souvenirs avec lui ».
Dans « Merci S.L. » (n°37), l’auteur nous fait vivre une nuit de rencontre entre un cadre arrivé trop tard pour trouver sa chambre d’hôtel et une belle paumée qu’il abrite dans sa BMW afin qu’elle y cuve sa beuverie. Elle se révélera être la chanteuse vedette à l’affiche. C’est une belle description d’une ville la nuit : « La lune jouait à cache-cache avec les nuages et faisait clignoter sur les balcons les gros boutons blancs des antennes paraboliques ». « Les feux tricolores se faisaient l’habit de clown de cette rue ordinaire en pardessus mouillé ».

3) En dehors ou à la limite du thème, certaines nouvelles s’articulent autour d’autres sujets de natures diverses :

 

3.1 Les transports : Dans « Au fond » (n°18), l’héroïne dialogue avec elle-même dans l’enfer asphyxiant des transports souterrains et ne retrouve la vraie vie qu’à la surface. « Rédemption » (n°11) se déroule dans le métropolitain où le héros croise une femme morte assassinée.
3.2 La vieillesse et la maladie : Par son très beau texte intitulé « Effraction douce » (n°51), l’auteur nous conte la tragédie d’une vieille femme malade qui croit en permanence être l’objet de violations de son intimité.
3.3 Le chat : « Histoire de ma vie » (n°32) raconte un épisode de la vie de George Sand par la voix de son chat. Dans « 14 Juillet » (n°45), Oscar, dérangé dans son farniente ensoleillé, va à la rencontre de Clémentine qu’il croise devant l’étal du poissonnier.
3.4 Les technologies du futur : « Délices du futur » (n°14)

4) Les derniers textes peuvent être classés par genres :

 

4.1 Les polars : « Rumeur » (n°2) est un très beau texte qui nous conte les états d’âme d’un tueur à gages qui va finalement choisir d’exécuter son commanditaire, « faisant le deuil du monde rapace pour vivre entre les myrtes et les cistes du maquis », « laissant ainsi à ce jeune gars malhonnête une chance d’atteindre l’autre rive de la grande bleue ». C’est en même temps un bel hymne à la Corse et aux paysages de France qui se déroulent devant nos yeux comme dans un livre de photographies.
Dans « Au poulet royal » (n°60), nous partageons la vie d’un policier qui est confronté à un cambriolage et se trompera finalement de coupable.»
Dans « Quel entêtement » (n°54), Anaïs part en guerre contre les promoteurs qui lorgnent un terrain qu’elle va défendre corps et âme.
« Le macaque » (n°58) évoque une ville africaine, « cité bidonville au charme émouvant » que la narratrice doit quitter pour revenir au pays des blancs. Une dernière visite sur la place du marché central lui fait rencontrer Onana, le danseur envoûté, dont il ne faut pas fixer « les yeux verts qui n’arrêtent pas de bouger ». Après son retour, elle entendra à nouveau parler d’Onana dans le cadre d’un meurtre crapuleux …
4.2 Les récits d’enfance :
« Le cri » (n°26) ; « Amicalement vôtre » (n°53)
4.3 Les récits à tendance psycho sociologique :
« Suivons le destin finalement » (n°35) décrit la solitude d’un homme SDF qui observe ses concitoyens pour en tracer les portraits psychologiques.
Dans « Vivre avec l’environnement, vivre avec son environnement » (n°5), l’auteur fait l’apologie d’un programme d’urbanisme privilégiant le respect des plus faibles.
4.4 Les récits amoureux :
« Vert sombre » (n°38) évoque, en un monologue élégant, une rupture et la recherche vaine d’un regard consolateur.
Dans « Lucien » (n°28), le clochard osera-t-il demander l’aide de Marie-Jo du Samu social ?
« Le bonheur est dans la ville » (n°43) raconte l’histoire d’amour entre Béatrice et Charles le clochard avec lequel elle a partagé son sandwich dans le jardin du Luxembourg.
« L’entrelacs » (n°20) décrit les états d’âme d’une veuve qui découvre, dans les documents laissés par son mari décédé, un manuscrit, lequel deviendra la passerelle qu’elle utilisera pour accéder à la ville imaginaire qu’il a inventée et qu’elle va s’approprier.

4.5 Les récits fantastiques :
« Les yeux jaunes » (n°42) : une paire d’yeux jaunes devenant ceux d’un chat, des policiers violents, une trafiquante qui disparaît, une demeure aux multiples fenêtres, une clef en or, des papiers perdus, tout s’entremêle dans cette étrange histoire …
« La dame en blanc » (n°3) évoque la rencontre d’une femme en blanc et d’un automobiliste bloqué par l’orage. Elle se révélera être « un maître du temps ».
A signaler dans cette même catégorie « Sur le chemin de lumière » (n°44).

 

Une grande richesse d’écriture émaille ce concours 2004. Il convient de saluer et de remercier tous les auteurs, qu’ils soient récompensés ou non. C’est l’objectif essentiel de ce sommaire florilège.

 

 
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